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10 Sep

Les temps sont durs, mais l'aventure si belle !

Publié par Jean  - Catégories :  #aventure


 

Tous ceux qui comme moi souhaitent engager une grande aventure et qui la préparent depuis plusieurs années le savent ; la période n’est plus propice. Fini le temps du sponsoring et du mécénat. L’argent, les aides, les dons font désormais partie des espèces disparues ou en voie de disparition au même titre que le tatou à sept bandes ou les grands cétacés. Plus difficiles à débusquer que le Yéti de l’Himalaya, trouver un soutien pour une aventure aussi justifiée soit-elle, relève du miracle. Faut-il pour autant faire le voyage à Lourdes ?  Je ne blague pas, vous avez tous vu récemment un grand sportif  cent fois médaillé retirer son slip pour traverser nu tout Paris afin d’attirer l’attention d’un équipementier.


C’est triste d’en arriver là et bigrement courageux de sa part.

Face à une telle situation, faut-il imaginer le pire à poil, dans une surenchère de records tordus pour attirer l’œil d’une caméra ou la curiosité foldingue d’un journaliste que la crise menace de chômage. Bref, jusqu’à présent je ne m’étais pas posé cette question, mais je dois me résoudre à faire un savant et complexe calcul pour envisager la chose. Que puis-je exhiber en échange d’une lampe frontale à pédale ou d’un mini ventilateur solaire destiné à éloigner les moustiques ? Je l’avoue, j’ai eu certaines audaces, mais pas ce courage, car les situations de crise et le manque de moyens sont des pathologies chroniques chez moi. J’y fais face depuis bien longtemps et j’ai appris avec humilité à m’en accommoder. La grande majorité de mes expéditions amazoniennes n’ont jamais bénéficié d’aide. Mes moyens ont toujours été très modestes, parfois limites. J’ai parcouru plus de kilomètres à pied, à cheval ou en pirogue que je n’en ai faits dans une jeep 4X4. Pas de tonnes de matériel, ni de gadgets inutiles. Un peu de courage et beaucoup d’endurance m’ont suffi parfois. 

Ceci-dit, ne m’imaginez pas tel un moine retranché dans son monastère, hermétique à tout contact avec l’extérieur. Je ne renierai pas de l’aide ou une collaboration qui puissent dynamiser mon projet si elles m’étaient proposées. La difficulté pour les gens de terrain, et c’est mon cas je dois l’avouer, nous ne savons pas à qui nous adresser et comment faire exactement nous vendre.

Les éditeurs restent muets à nos sollicitations, les sociétés susceptibles de médiatiser notre aventure sont compliquées à convaincre.  Alors devant de telles perspectives, je sais par expérience qu’il ne faut pas trop compter sur les autres pour avancer et que le premier pas, c’est celui que l’on doit faire soi- même…


J’ai une confiance aveugle dans mon projet parce qu’il est le fruit de 40 années de travail au quotidien et que l’expérience à laquelle je veux me livrer maintenant est unique en son genre sur la planète. Personne n’a  jamais étudié avec une telle rage et une telle ardeur l’influence des paysages du Mato Grosso sur les populations préhistoriques dans leurs longues migrations. La découverte d’un corridor d’une telle ampleur et son cortège d’abris richement décorés, dont celui de Santa Elina daté de 20 000 ans, est assez

exceptionnelle. J’en suis fier et je poursuivrai donc, « malgré la crise », mon projet « Alvorada ». Je veux retrouver le regard porté sur ces paysages par les premiers nomades qui aux temps préhistoriques ont découvert et exploré ce couloir en suivant la bordure des plateaux tabulaires du Mato Grosso entre les bassins de l’Amazone et du Paraguay.  En ces temps là, les déplacements terrestres étaient avant tout une conquête de l’œil sur les horizons de paysages qui devenaient une donnée géographique évidente et essentielle.

Inventorier ses paysages et les vestiges de sa colonisation, voila l’extraordinaire et belle aventure à laquelle je veux me livrer, avec… ou sans aide.


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À propos

Jean Périé. Diplômé de Préhistoire à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Une vie sur la piste des grottes ornées d'Amazonie, au Mato Grosso,(Brésil). Un inventaire des paysages et de l'Art rupestre témoins d'une occupation vieille de plus de 20 000 ans.