Aux temps préhistoriques où le « paysage supermarché » faisait également « office du tourisme »
Il est curieux de constater que seuls les géographes ou les architectes s'intéressent au paysage. (Paysage en temps qu'étendue de pays que l'on voit d'un seul aspect) Les préhistoriens ne s'expriment que rarement sur ce sujet. Ce paysage qui est pourtant omniprésent dans la vie des nomades chasseurs-cueilleurs n'a jamais été étudié pour l'influence qu'il aurait pu avoir dans leurs longues migrations terrestres. C'est une aberration. Au Mato Grosso, les paysages apportent un début d'analyse.
Les préhistoriens nous rabâchent que le nomadisme est dicté par le besoin impératif et universel de trouver la nourriture et les matières premières dispersées dans la nature. C'est une évidence, bien sûr, mais faut-il comprendre que les troupeaux de grands mammifères ou les champs de framboises sauvages auraient été les principaux facteurs de la répartition des hommes sur les continents. Ce serait ignorer que le paysage, « source d'informations », put être aussi « source d'émotion », autrement dit, le « paysage surpermarché » dans lequel nos paléo-indiens faisaient leurs courses servit aussi, par son extrême beauté, d' office du tourisme ? Vue sous cet angle, la question peut prêter à sourire mais on ne peut pas ignorer que la géomorphologie de la surface de la terre a créé sur chaque continent un labyrinthe de vallées et de reliefs complexes à franchir pour des hommes ne possédant aucune vision aérienne des lieux investis. C'est donc par le « paysage » que les nomades accèdent à des territoires inconnus et par le même « paysage » qu'ils dérivent lentement vers de nouveaux horizons. Au Mato Grosso, la chaîne de reliefs qui séparent les bassins de l'Amazone au Nord et le bassin du Paraguai-Parana au Sud, est l'un de ces « courants paysagers » qui tel un « fil d'Ariane » permit de franchir le labyrinthe jusqu'au centre du pays.
Ces paléo-indiens, aussi préhistoriques soient-ils, n'étaient pas que des ventres, ils étaient aussi dotés d'un cerveau comparable au nôtre et donc capables des plus sensibles émotions face au paysage.
Serait-il déraisonnable de croire que la beauté des paysages dans lesquels évoluaient les nomades à la quête de nourriture n'ait jamais détourné leur attention et par conséquent influencé leurs longs cheminements migratoires?