Livre "Tout l'or de l'Eldorado"
Jean Périé et son livre "Tout l'or de l'Eldorado" paru le 28 février 2019
Chers lecteurs, des raisons personnelles m'ont tenu éloigné un certain temps de mon blog. Je suis heureux de le retrouver à l'occasion du lancement de mon livre "Tout l'or de l'Eldorado" réédité par la manufacture de livres, au format poche. Je remercie Pierre Fourniaud, mon éditeur.
C’est à peine croyable. Je me replongeais dans le livre « Tout l’or de l’Eldorado », voguant avec Georges sur le Rio Araguaia dans une pirogue chargée du matériel de prospection, nos regards attirés par d’énormes empreintes de caïmans qui couraient sur la berge humide, quand j’appris que ce texte allait être réédité. Nul doute que de là-haut Georges manipulait son pendule pour se rappeler à ce bas monde.
Georges Pommot nous a quitté en 1983. Le petit cimetière de la Piedade de Cuiabá était trop petit pour contenir tous ses amis. Sa femme Bibi quelques années plus tard.

Aujourd’hui, des fenêtres du casarão où ils vécurent dans le cœur historique de Cuiabá, rua Treze de Junho, des accords de piano et de violon résonnent encore à mes oreilles et ravivent les souvenirs de tous nos moments partagés. Je nous revois tous deux au milieu des ruines de la Conceição, étonnés et si fiers d'avoir retrouvé après des années d'abandon et d'oubli dans la forêt, la mine d’or qui fit la richesse et la renommée de Vila Real Bom Jesus de Cuiabá, lorsqu’elle fut élevée au rang de ville, en 1719. Les nombreux puits carrés avec leurs parois pourvues d’encoches taillées à même la roche en guise de marches donnaient une idée de l’ampleur du labyrinthe souterrain de galeries, étroites et sombres où les milliers d’esclaves emmenés d'Afrique piochaient le riche filon. Je me souviens de Georges, assis sur le tas de quartz broyé remonté des entrailles de la terre, contemplant d’un regard pensif les nombreux trognons de murs corsetés par les racines des grands arbres. Ces vestiges n'étaient pas ceux de Machu Picchu, mais pour nous deux, ils l'étaient. Prestigieux. Tout aussi emblématiques dans l'histoire du Mato Grosso.
Georges, déjà très âgé quand je fis sa connaissance, me parlait souvent de cette mythique mine d’or avec une pointe de regret, une sensation d’inachevé. Un trophée qui manquait à son tableau de chasse. Je sentais en lui le désir d’un dernier baroud d’honneur. Son impatience fit qu’un jour je lui rapportai un vieux plan des environs de Cuiabá du XVIIIe siècle que j’avais dégoté dans les archives du Palácio do Governador et emprunté. Ce qui me valut une belle engueulade de Bibi. Elle devina d’emblée où cela allait nous mener tous deux.

Georges Pommot sur la mine d'or de la Conceição