Victime du réchauffement climatique
La saison des pluies avance avec ses orages tropicaux qui déversent des trombes d’eau sans avertissement. Je l’avais prévu, mais les changements climatiques de ces dernières années ont enrayé la machine. Désormais, les pluies diluviennes détruisent des habitations et tuent. Depuis quarante ans que je sillonne le Brésil et principalement le Mato Grosso, les deux saisons (sèche et humide) très marquées qui caractérisaient le climat de cette région subtropicale s’estompent peu à peu au fur et à mesure du déboisement au profit d’un climat nettement plus désordonné. Au Mato Grosso, la chaleur a globalement augmenté en moyenne de 4 à 5 °. La végétation de cerrado (savane boisée) typique des hauts plateaux a disparu pour laisser place à de gigantesques champs de soja ou de coton. Au pied des plateaux, les régions plus vallonnées ont subi le même déboisement pour ouvrir des pâturages à des troupeaux de zébus. Les paysages du Mato Grosso ont donc subi des transformations radicales responsables en partie de ces modifications climatiques. Seule la bande correspondant aux bordures des plateaux, dénivelé de 200 à 600 mètres, reste intacte à cause de son relief trop accidenté. Ce sont ces régions isolées que j’explore. Elles sont
totalement désertes, mais constituent cependant un patrimoine géographique et paléo-culturel extrêmement riche. Ces paysages ont servi de fil d’Ariane aux premiers nomades paléo-indiens qui se sont infiltrés à partir de la Cordillère des Andes jusqu’au coeur du continent sud- américain. Prendre conscience à la fois de la relation entre le déboisement et les changements climatiques mais aussi préserver les paysages et la végétation de cette cassure tectonique qui sert de diviseur entre les bassins de l’Amazone et du Paraguai doivent devenir un enjeu du futur. Qui sait si un jour cette cassure tectonique avec ses paysages et l’art rupestre qui témoigne de son occupation préhistorique pourrait s’inscrire au Patrimoine de l’Unesco afin de préserver les derniers lambeaux de forêt, refuge indispensable à tant d’espèces animales en danger.
Mon travail d’inventaire milite dans cet esprit.
En attendant, la saison des pluies est devenu imprévisible et dangereuse, c’est pour cette raison que j’ai pris la sage décision de suspendre ma mission pendant les prochains mois, le temps aussi de traiter les photos et vidéos rapportées. (Un film est en préparation).
Mes remerciements à tous ceux qui, des quatre coins du monde ont ouvert ce blog pour m’accompagner et suivre mes explorations. A tous, une excellente fin d’année et le voeu que vos projets se réalisent en 2010.
Meus agradecimentos á todos meus amigos brasileiros e um feliz fim de ano. Abraços. Jean