L'Art rupestre du Mato Grosso
Méconnu depuis 20 000 ans, l’Art rupestre qui recouvre les parois des abris préhistoriques du Mato Grosso est prodigieusement riche et varié, comparable à celui de chez nous avec néanmoins un bestiaire différent. Ces expressions graphiques que l’on découvre sur ces parois, soit peintes, soit gravées nous renseignent sur le mode de vie, les moeurs des premiers paléo-indiens qui ont occupé le Mato Grosso.
Le premier constat que l’on peut faire sur ces manifestations picturales, c’est que peintures et gravures ne cohabitent généralement pas. Certains abris ne sont décorés que de peintures, d’autres que de gravures. La deuxième remarque, c’est que les motifs peints et gravés n’ont pas les mêmes styles : l’art peint est figuratif, avec de nombreuses représentations humaines et animales, tandis que les gravures sont plus schématiques et dénudées. Parmi les dessins gravés, on peut observer des représentations d’étoiles et même une comète. Les animaux n’y figurent que par des empreintes de pas et les personnages par des entailles filiformes.

Ces différenciations faites, l’Art rupestre du Mato Grosso est étudié depuis peu de temps, mais les nombreux abris recensés témoignent d’une grande diversité picturale. Je connais personnellement plus d’une centaine de sites et chacun d’eux apporte son lot de curiosités comme la figurine aux grande ailes de São Lucas, la représentation bizarre du personnage à tête triangulaire du Morro du Toroari ou cette scène splendide de la harde de cervidés de Santa Elina.
Hélas, ces abris sont depuis peu menacés par la déforestation, la négligence et la bêtise humaines. Le personnage et l’enfant de l’abri Perdida sont recouverts par une termitière, tandis que la grotte de Cabeceira Verde a été taguée. Pour toutes ces raisons, il est impératif de dresser le plus rapidement possible un inventaire photographique de l’ensemble du patrimoine géographique et paléo culturel du Mato Grosso en mémoire de ces paléo-indiens qui méritent notre respect et notre admiration. Un livre richement illustré sera réservé à cet art préhistorique.

(Photos Jean Périé, reproduction interdite)
