Cinq têtes coupées m'expédient au Mato Grosso
Cinq têtes coupées m’expédient au Mato Grosso
Vous vous demandez sans doute quelle bête étrange m’a attiré au Mato Grosso ? C’est un bien curieux hasard qui me mit face à cinq têtes coupées…
En 1966, j’atterris à Papeete avec mon frère jumeau Louis, affectés pour notre service militaire, à la caserne des pompiers de Papeete. Perdue dans l’archipel de la Polynésie Française, l’île de Tahiti est toute petite. Une seule route en faisait presque le tour. Elle avait beau avoir le charme, la sérénité, la beauté incomparable d’une piste bordée de mangroves, de cocotiers, de manguiers et de farés sur pilotis, elle ne permettait qu’un va-et-vient incessant, perpétuel, abrutissant. Nous qui avions grandi à la campagne, on s’en était vite lassés.
Là-haut dans les hautes vallées de l’Aorai et de l’Oroéna, la nature nous offrait de nouveaux horizons et tous nos jours de repos étaient consacrés à l’exploration de ces vallées encaissées.
Un jour, une averse nous surprend. Nous repérons aussitôt une cavité. A quelques mètres de l’entrée, mes pieds heurtent un objet. Dans l’obscurité, je me baisse et le palpe. Un crâne !...
Nous étions dans un tombeau maori. Un choc ! une intense émotion fit dresser tous mes poils...
Recroquevillé dans un coin de la grotte, j’enviais ces explorateurs dont la vie entière avait été ponctuée de pareils instants, de souvenirs semblables, de moments inoubliables.
Mon destin fut scellé là. Je deviendrai explorateur.
(illustration Jean Périé ci-dessous)
